
"Pour se protéger de la menace de prolifération nucléaire, il faudra utiliser la force"
Dans l'un des chapitres d'un récent ouvrage collectif consacré à la possibilité d'une élimination complète des armes nucléaires, on trouve une idée intéressante: tout citoyen devrait considérer comme son devoir d'alerter l'opinion publique s'il venait à prendre connaissance d'un quelconque événement laissant à penser qu'un groupe ou un pays cherche à acquerir la bombe atomique. [Joseph Rotblat, Jack Steinberger et Bhalchandra Udgaonkar (sous la direction de): ``Un monde sans armes nucléaires'' Editions Transition, Paris, 1995.] Or c'est précisément ce qu'André Gsponer dit avoir tenté de faire au début des années 80 lorsqu'il s'aperçu que l'Irak s'intéressait de près aux calutrons, et plus encore lorsqu'il a réalisé que les technologies liées aux accélérateurs de particules risquaient de donner naissance à de nouvelles générations d'armes nucléaires. [André Gsponer et al.: ``La quadrature du CERN'', Editions d'En-Bas, Lausanne, 1984.] ``Mais personne n'a voulu m'écouter, y compris dans les milieux scientifiques, regrette André Gsponer. Peut-être faudra-t-il qu'une grande ville dans un pays occidental soit volatilisée par une bombe atomique pour que l'on se décide à réfléchir sérieusement sur une nouvelle politique de la science et de la technologie, qui prenne en compte de manière vraiment responsable les retombées de la recherche fondamental.''
Comme en confirmation de cette analyse, la résolution 707 du Conseil de sécurité de l'ONU, adoptée le 15 août 1991, spécifie clairement que l'Irak a l'interdiction non seulement de fabriquer, d'importer, et d'utiliser, mais également de conduire ``toute activité de recherche et de développement'' dans le domaine ``des sources de neutrons, d'accélérateurs d'électrons, d'accélérateurs de particules, d'accélérateurs de ions lourds'' ainsi que dans le domaine des ``dispositifs de fusion nucléaire expérimentale.''
D'autres spécialistes voient également dans le dévelopement incontrôlé de la recherche un facteur clé de la prolifération nucléaire. Une prolifération d'autant plus inévitable que le Traité sur la non-prolifération nucléaire, renégocié ces jours à New York, ne concerne que les technologies liées aux réacteurs nucléaires. Dans un article récemment publié par la revue ``Science'', John Nuckolls, directeur associé d'un des plus grands laboratoires militaires américains (le Lawrence Livermore National Laboratory), affirme que ``la dissémination des progrès scientifiques et technologiques ainsi que la croissance économique offrent à un nombre toujours croissant de nations la capacité de développer des armes nucléaires''. P.K. Iyengar, ancien directeur de l'Institut Bhabha de recherches atomiques à Bombay et ancien président de la Commission indienne pour l'énergie atomique, exprime un opinion semblable dans un éditorial de la revue scientifique indienne ``Current Science'': ``Au fur et à mesure que la science nucléaire progresse, la technologie nucléaire évolue, aussi bien pour des usages pacifiques que militaires. (...) Il est important que les physiciens en tiennent compte et qu'ils informent les responsables politiques et le grand public.''
POUR CEUX QUI DOUTERAIENT ENCORE DE LA NECESSITE DES GUERRES EN IRAK!
La non intervention française en 2003 a fait le jeu de l'Iran.